Extrait des memoranda de l’Orden Veritas
Témoignage d’Edza Whyra, Gardienne des Souvenirs
Memorandum C50-02 : La Décorporation Contrôlée – entre la Vie et la Mort
Aux origines des RS, Réseaux de Savoir, les Tekens voulaient développer un idéal de Connaissance, fondement de la Liberté. Utilisant des combinaisons sensorielles pour accéder aux informations, les tekens mirent plusieurs dizaines d’années à trouver une voie d’accès plus radicale pour se plonger dans les données. En 2256, une invention majeure bouleversa les accès aux Réseaux de Savoir : la Décorporation Contrôlée.
Au départ réservée aux technicens RS, à l’armée et aux services de sécurité des Réseaux, la Décorporation Contrôlée s’est très rapidement généralisée à l’ensemble de la population.
Il s’agissait d’utiliser l’état de mort imminente, connu depuis fort longtemps, au cours duquel de nombreuses personnes avaient rapporté le fait que leur « esprit » s’était séparé de leur corps l’espace d’un instant, le plus souvent lors d’une mort clinique, avant de réintégrer leur corps et de revenir à la vie.
L’idée des tekens était simple et astucieuse : utiliser ce moment précis de décorporation entre la Vie et la Mort, pendant lequel « l’esprit » est totalement désolidarisé du corps mais conscient, pour le projeter temporairement dans l’architecture bio-électronique des Réseaux de Savoirs. Des réseaux hybrides combinant électronique, éléments biologiques et bio-synthétiques, telles que des bioroms constituées à partir de neurones humains.
Ainsi l’être humain devint son propre navigateur pour accéder aux nombreux mondes virtuels, proposant expériences, communautés et univers en tout genre. Ceux qui naviguèrent sur les Réseaux de Savoir en décorporation Contrôlée furent appelés “Compulses”.Avec le temps et la multiplication des usages, de plus en plus de personnes y passèrent leur vie, laissant dans le monde réel leur corps en état de mort imminente.
Les Réseaux de Savoir devinrent ainsi un véritable monde parallèle pour de nombreuses personnes qui y trouvèrent davantage refuge que connaissance.L’élément central de cette grande architecture bio-électronique est l’I.S., Intelligence Synthétique, un processeur hybride révolutionnaire conçu à partir de cerveaux humains.
L’I.S. est le chef d’orchestre des Réseaux de Savoir, elle en régit le fonctionnement.L’Intelligence Synthétique procède elle-même à la première Décorporation Contrôlée de chaque compulse, de façon à lui créer sa matrice initiale, compatible avec les réseaux neuronaux de son propre cerveau. Car pour assurer le retour du compulse dans son corps après son voyage sur les Réseaux de Savoir, il est important que les nouveaux souvenirs et les nouvelles expériences vécues lors de la décorporation contrôlée puissent trouver leurs empreintes biologiques dans le cerveau du compulse.
Du simple physiochoc sans séquelles, à une mort violente, la réintégration de « l’esprit » dans le corps est une étape particulièrement délicate et sensible, surtout la première fois.Malgré ces inconvénients et les questions éthiques qu’elle soulève, la fin du 23ème siècle marqua l’avènement de la Décorporation Contrôlée.
Cette invention prodigieuse ne fut pas sans conséquence sur l’Être humain…
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